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Lettre à Politis

L’année dernière durant #laffairedecock, entre deux audiences des procès en diffamation initiés par Laurence de Cock et Me. Raphael Kempf, Zaka Toto a été contacté par Pouria Amirshahi, ex-député et directeur de publication du magazine Politis. Politis est le magazine où ont été publiés les différents textes de Laurence de Cock. M. Amarshahi a expliqué à Zaka Toto le contexte de publication de ces articles : une rédaction pas forcément informée par son chef, de son absence à cette époque pour des raisons personnelles, qu’il avait cherché des réponses auprès de l’auteure, « son amie », mais qu’elle ne répondait pas à ses appels. Il nous a invité à débattre avec elle dans les pages de Politis des mérites du plagiat et de la citation. Nous avons refusé. La question est maintenant devant les tribunaux à l’initiative de Laurence de Cock et de son avocat. Il y avait par contre un certain nombre de propos mensongers et terriblement accusateurs proférés par « son amie » dans les pages du magazine qu’il dirigeait, il nous semblait normal que ces propos faux soient désavoués publiquement si la volonté de faire excuse et de réparer était réelle.

Cette lettre a été envoyée le 16 Mai 2022 à Pouria Amirshahi alors directeur de publication de Politis, Antonin Amado (rédacteur en chef de Politis), Agnès Rousseau (directrice). Elle est restée sans suite. Vous pouvez la lire aujourd’hui dans son intégralité
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Les audiences de l’affaire Laurence de Cock auront lieu le Vendredi 9 Juin 2023 à 13h30 au TGI de Paris (17e).

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À Monsieur Pouria AMIRSHAHI et la rédaction de Politis,

Je m’adresse à vous en ma qualité de présidente du groupe Zist, regroupant la maison d’édition Zist et la revue Zist, au sujet de ce qu’il convient de nommer “l’affaire Laurence De Cock”.

Nous vous remercions d’avoir pris l’initiative de calmer les tensions entre nos deux entités. En l’état des faits rien ne vous y obligeait. Comme vous en avez pris connaissance, deux affaires juridiques pour diffamation sont en cours à l’initiative de votre chroniqueuse Laurence de Cock. 

Un rappel des faits s’impose :

Du 28 au 31 janvier 2020, nous publions dans la revue Zist un essai intitulé “Le Sucre” par le fondateur de la revue Zaka TOTO. Le 19 février 2020 est publié dans une de vos rubriques: “les plaies sucrées de la Martinique coloniale” signé Laurence de Cock. Publié dans votre site web, il apparaît aussi dans le numéro 1591 de votre hebdomadaire. Toute une série d’éléments et de preuves, ainsi que les propos souvent contradictoires de votre chroniqueuse, nous ont amené à lancer l’alerte et à établir la paternité de notre texte sur celui publié par Laurence. Nous publions ainsi “Le Pillage”, le 20 février 2020, après avoir contacté votre chroniqueuse pour obtenir gain de cause sans succès.


Votre journal, sans ressentir le besoin de nous contacter à l’époque afin de confronter les éléments que nous avançions, décide de publier un droit de réponse unilatéral de Laurence de Cock le 20 février 2020. Intitulé : “Les plaies sucrées de la Martinique coloniale : poursuivre le débat”, il commence par cet intitulé :

Cible d’une attaque sur les réseaux sociaux de la part d’un lecteur, l’historienne Laurence De Cock revient sur sa dernière chronique et appelle à un débat apaisé. Politis soutient pleinement sa démarche.”

Nous avons souligné. Il y a ici plusieurs marques de mépris qui sont indéniables. Si d’un côté Laurence de Cock semble reconnaître peut-être avoir joué le rôle d’« une intellectuelle blanche qui pique le travail d’un Martiniquais sans le citer, comportement colonial évident. », de l’autre elle ne se gêne pas pour affirmer ceci : “C’est le titre de son récent texte où il relate sa version des choses, avec publication de mes textos, tronqués, et ciblant au passage des collègues, femmes, enseignantes martiniquaises.”

Nous avons publié l’intégralité des échanges entre Zaka Toto et Laurence de Cock le 24 février, dans une réponse intitulée “Le Discours et la Pratique”. Dans plusieurs emails envoyés par Laurence de Cock à des parties tierces (journalistes, rédactions, universitaires…) qui nous sont parvenus déjà à cette époque, elle pousse cette accusation jusqu’à dire que Zaka TOTO “prétend que ces personnes sont ses amies”. Zaka TOTO nous a fait parvenir l’intégralité de ces conversations avec ces personnes de 2020 à 2022 autour de cette affaire.

Elles disent :

“Zaka, nous sommes tes amis, on te soutient”.

Elles disent :

“Laurence de Cock ment”

Elles disent :

“Zaka tu ne nous a jamais menacé”

Les textes “Le Pillage” et “Le Discours et la Pratique” ont été relus avant leur publication dans nos pages par les concernées. Les propos de votre chroniqueuse, publiés noir sur blanc dans votre journal toujours aujourd’hui, sont mensongers. Injurieux. Graves dans leurs insinuations. Devons-nous les expliciter ?

Dans la tourmente, le 26 février, Laurence de Cock envoie un courrier électronique à une universitaire, expliquant (et se justifiant ?) à propos de Zaka TOTO : « Personne ne le connaissait ce garçon ».

Ma formation de spécialiste des slaves narratives accuse douloureusement cet écho au « boy » des champs de coton, au « boy » de l’Amérique ségrégationniste qui voit en tout homme noir, fut-il adulte ou vieillard, un subalterne immature. C’est ce « boy » que j’entends claquer en 2020 dans un contexte d’usine, de sucre et de « Martinique coloniale ».

J’ai co-fondé en 2020, à la suite des violents déboulonnages de statues à la Martinique, un collectif citoyen avec des chercheurs, historiens et artistes martiniquais autour de projets de décolonisation culturelle. Cette association a pour nom : La Fabrique décoloniale. Comme pour la revue Zist et la jeune maison d’édition Zist, elle s’inscrit dans une perspective interculturelle et antiraciste.

Nous avons appris avec choc les poursuites en diffamation de Laurence de Cock. Nous avons aussi bien conscience que vous ne pouviez pas savoir. Mais alors fallait-il peut-être nous contacter au moment des faits ? L’impression d’une omerta organisée par quelqu’un de bien connecté nous remplit d’effroi : peut-on librement accuser dans un hebdomadaire national un auteur antillais, un homme racisé, de “cibler des femmes” sans avoir à fournir aucune preuve sinon sa réputation et son entregent ?

La question du plagiat de Laurence de Cock est maintenant devant les tribunaux. Nous ferons preuve de ce que nous avançons. Nous n’avons pas poursuivi votre journal ni Laurence de Cock au moment des faits, tant cela relevait davantage du débat d’idées, de questions éthiques et structurelles qui méritaient d’être argumentés publiquement.

Reste la tâche indéniable de l’accusation insensée et mensongère d’attaque contre des femmes de Laurence de Cock dans vos pages. Reste cet en-tête choquant qui la précède signé de “votre rédaction”. Nous pensons qu’il s’agit là bel et bien de votre responsabilité. Qu’il s’agit de l’éthique de votre journal et de son prestige. Nous pensons qu’il serait juste d’amender ce texte sur ces parties controversées, gratuites, et injustifiées.

J’aimerais vous raconter une vieille histoire qui remonte au siècle dernier. En 1979, exactement. Une jeune étudiante découvre horrifiée, en feuilletant le dernier ouvrage d’un très honorable et renommé professeur des universités, spécialiste de « la question noire » comme on disait à l’époque, l’exacte reproduction d’un entretien qu’un écrivain lui avait accordé dans le cadre de son mémoire de maîtrise l’année précédente. Verbatim. Elle se tait. À jamais. Quel poids pouvait avoir la parole d’une insignifiante étudiante antillaise face à la toge prétentieuse et savante ? Même si la preuve était avancée, ici dans les enregistrements, là dans son mémoire ? 

Aujourd’hui, en 2022, les subalternes, les sans-voix prennent la parole.

Sincèrement,

Dominique Aurélia, maître de conférences en études anglophones, Université des Antilles.
Présidente de Zist Éditeurs.
Fondatrice de La Fabrique décoloniale