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El Cobre. Le cuivre. Village au mornes lunaires de la province de Santiago à l’Est de Cuba, nommé ainsi car c’est là que ce sont trouvés les premières mines à ciel ouvert de cuivre et d’or de l’île dès l’époque des Conquistadors. C’est ici que Giulia Parisi nous amène pour un pèlerinage aux couches multiples.

D’abord celui de la religion catholique avec la visite de la Basilique de Notre-Dame de la Charité, qui se dresse sur le morne sur le plus élevé du village. Le temple abrite une chapelle dédiée à la Virgen de la Caridad, la Vierge de la Charité, une vierge métisse vénérée partout sur l’île et entraînant tous les 8 Septembre, son grand jour de célébration, des foules venues des quatre coins du monde pour déposer les offrandes et faire des voeux à leur Vierge chérie. Ils espèrent ainsi obtenir des faveurs, ou même la grâce divine, moyennant son intercession devant le bon Dieu.

Ce que l’on voit aussi c’est la réconciliation de l’État cubain et de l’Église catholique. Les drapeaux cubains sont partout dans la Basilique, chose que l’on voit rarement ailleurs. Après tout, ce sont les Mambises, ces soldats lors de la Guerre de 1868, la première guerre d’indépendance de Cuba, qui l’avaient déclarée sainte patronne. Ce n’est qu’après l’indépendance, en 1916, qu’une bulle papale confirmera ce statut. En 1954, sur les ailes de son roman cubain, le Vieil Homme et la Mer, l’auteur américain Ernest Hemingway offrira la médaille de son Prix Nobel de Littérature au peuple cubain sur l’autel de la Vierge de Cobre. Ce qui ne préviendra pas le long hiatus qui opposera l’État cubain révolutionnaire et l’Église Catholique traditionnellement hyper conservatrice. Ce n’est qu’en Janvier 1998, que Jean Paul II fera une visite officielle à Cuba afin de restaurer les relations officielles entre les deux entités. Vous reconnaitrez une statue du défunt Pape sur le parvis de la Basilique.

Sous les grands de ce monde et leurs religions, (ré)sonne quelque chose de plus tangible. Cuba compte beaucoup de catholiques croyants mais bien peu de pratiquants. C’est un vernis, la vérité est au-delà. Dans la superposition de ce culte et de la Santeria, le culte des Orishas, la soeur cubaine des vaudous, voodoo et candomblé, leur syncrétisme révolutionnaire à eux. Oui, révolutionnaire. Sur le site d’ El Cobre, on trouve une statue Monument à l’Esclave Marron du célèbre plasticien cubain Alberto Lescaye, les mains tendues vers le ciel. Cobre est le lieu des premières grandes révoltes d’esclaves dès 1731, jusqu’aux troubles qui lanceront les guerres qui aboutiront à l’indépendance. Les esclaves seront pour beaucoup dans les reculades espagnoles.

Nous suivons cette procession sur une autre colline, riche de l’histoire d’un peuple, jusqu’à celui d’Oshun, déité de la rivière et de l’eau, hérité des cultes Ifá et Yoruba. L’origine de la Vierge de Cobre raconte que trois “Juans” de la Région de l’Oriente – l’Est de Cuba -, deux amérindiens, un africain, perdus sur un frêle esquif au milieu de la mer et des éléments déchaînés, proches de la mort virent une Vierge flotter au-dessus des eaux et prièrent pour leur salut. À la tempête succéda le temps calme. Ils annoncèrent la nouvelle et le miracle fut annoncée. Mais ils ne dirent jamais d’où venait la Vierge : “Esprits de la Montagne, Protégez-nous”.

Reportage Photo : Giulia Parisi
Mots : Zaka Toto

Ce reportage photo est extrait du ZIST Volume 20, abonnez-vous pour plus de contenus originaux.